Le fleuve a connu une évolution radicale durant les 150 dernières années. Autrefois divaguant entre des chenaux multiples, il a d'abord été stabilisé par des digues d'enrochements destinés à améliorer les conditions de navigation (digues "Girardon"). Plus récemment, l'aménagement du fleuve pour la production hydroélectrique et la navigation à grand gabarit a cloisonné la vallée en retenues, tronçons court-circuités et canaux. Pourtant la vallée du Rhône possède encore de nombreux milieux aquatiques ou humides : le fleuve lui-même, les casiers délimités par les digues "Girardon", ainsi que les lônes, anciens bras du fleuve. Au total, se sont un peu plus de 1000 hectares de milieux humides liés au Rhône qui subsistent dans le site Natura 2000, et qui présentent un intérêt européen pour les habitats ou les espèces qui y vivent. |
paysage de bords de lône |
Les habitats de la directive- les eaux eutrophes : la plupart des lônes ou des casiers sont eutrophes, c'est à dire riches en éléments nutritifs (nitrates, phosphates). Lorsque l'eau est suffisamment transparente et de qualité acceptable, de nombreuses plantes aquatiques se développent, notamment des grands potamots. Parfois certaines espèces plus rares, comme l'hydrocharis ou l'utriculaire, se développent dans des mares abritées des crues. - les herbiers de renoncules : les lônes courantes, et quelques portions du fleuve Rhône, possèdent une végétation particulière constituée de renoncules aquatiques. - les herbiers de characées : dans des lônes ou mares alimentées essentiellement par la nappe phréatique, se développent des herbiers de charas, qui sont des végétaux pionniers (ils poussent sur des fonds de graviers propres).
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hydrocharis morsus-ranae |
herbiers de renoncules sur une lône courante |
Les autres habitats aquatiquesLa vallée compte de vastes surfaces de milieux humides, qui peuvent souvent abriter des espèces animales de la directive habitats (castor, poissons, libellules) : - le fleuve lui-même - les berges du fleuve, couvertes de graviers ou de hautes herbes - les vasière et roselières. |
Les milieux humides présentent un grand intérêt écologique, par la diversité des espèces qui peuvent y vivre ou par leur forte production biologique. Le fleuve lui-même constitue l'axe de vie de la vallée, permettant aux aloses de faire leur grand voyage, aux castors de circuler, aux graines portées par les eaux d'ensemencer les milieux naturels... Les lônes constituent un élément fondamental de l'écosystème rhodanien : les poissons du fleuve viennent y frayer ou s'y réfugier durant les crues, les hérons qui nichent en forêt viennent d'y alimenter,... Certaines lônes possèdent également une très bonne qualité d'eau du fait de l'affleurement local de la nappe phréatique. |
mare des bords du Rhône (casier Girardon) |
l'agrion de Mercure, petite libellule des eaux phréatiques |
Des espèces animales et végétales remarquablesLe castor vit sur les berges du fleuve et de ses anciens bras, De nombreuses espèces de poissons sont présentes : la bouvière apprécie surtout les eaux peu courantes de certaines lônes, le blageon, le toxostome, le chabot sont présents dans les secteurs les plus courants. Les aloses, poissons migrateurs, remontent de la méditerranée dans le Rhône pour se reproduire. Cette espèce ne pouvait plus remonter le fleuve depuis la création des barrages, mais des efforts réalisés pour permettre leur franchissement ont permis l'observation de sites de reproduction à nouveau en activité sur le Rhône au sud de Valence. Enfin, certains secteurs du Rhône et des lônes abritent des espèces de libellules rares et exigeantes en terme de qualité d'eau comme l'agrion de mercure, la cordulie à corps fin. |
Des fonctions socio-économiquesCertaines lônes (Platière, Donzère) réalimentent la nappe phréatique, ce qui représente un intérêt considérable pour tous les usagers (captage d'eau potable, agricole ou industrielle). Les lônes sont importantes pour la pêche, de façon directe, mais aussi parce que ces milieux constituent des lieux de fraie pour la plupart des espèces et en particulier pour le brochet et les poissons blancs. La chasse est également pratiquée sur les bords du fleuve et des lônes, notamment pour les espèces d'oiseaux d'eau migrateurs. Enfin, l'intérêt paysager du fleuve et de ses bras secondaires demeure important, tant pour leur promeneur que pour les navigateurs de plaisance. |